La lumière, toujours présentée comme une bénédiction, est-elle la seule apte à nous gratifier des bonheurs de l’existence ? D’une certaine manière, sans même le savoir, nous opposons la lumière à l’ombre, comme nous opposons le succès à l’échec, le bonheur au malheur. N’est-ce pas une vision trop simpliste réduisant nos réalités à de simples jeux de confrontation ? S’il est vrai que notre cheminement en tant que pèlerin va forcément dans un sens, il n’est pas pour autant rectiligne ou formaté suivant une logique symétrique.
Sur ce, nous devons prendre le temps de considérer la chose, l’objet et ce qu’il conviendrait d’appeler l’opposé de chacun. L’opposition étant d’abord une relation définie et non absolument un principe incontournable. C’est ainsi que nous prenons deux concepts, et parmi les liens qu’ils peuvent entretenir, il y a l’opposition. Cela ne va pas de soi. Et savoir définir une chose ne garantit pas savoir définir son opposé. Il revient alors de considérer chaque chose proprement. (Voir l’article Principe d’identité).
Partant de cette motivation d’apprécier les choses telles qu’elles sont et non telles qu’elles devraient être, nous serons plus aptes à mieux définir notre propre position par rapport à certaines choses ou… à ne pas la définir par rapport à certaines autres. Oui, nous avons le droit, le pouvoir, le devoir de ne pas entrer dans la danse à la mode sous prétexte d’inclusion généralisée. Car si nous pensons réagir face à tous les stimuli, nous n’aurons plus le temps de nous engager sur la voie qui est vraiment nôtre. Sur ce, il est important de suivre la lumière, celle qui nous guide et non celle qui nous aveugle, mais aussi de savoir rester dans l’ombre, celle qui nous protège quand nous soignons nos blessures, celle qui nous laisse le temps de grandir loin des confettis, loin des vacarmes, c’est-à-dire plus près de chez soi. (Voir le texte Rentrer chez soi).
Le corps est généralement assimilé à notre partie visible. Mais est-il tout à fait visible ? Tout comme nous considérons la pensée invisible, et cela n’empêche que nous disons « Je vois » pour exprimer notre compréhension par rapport à une idée exprimée. « Voyons » la complexité curieuse et intéressante de ces banalités que nous croyions à tort maitriser et qui, jusque-là, reste à découvrir. L’infime partie visible de notre corps repose sur un ensemble de mécanismes que nous faisons confiance sans que nous ne sachions comment ils fonctionnent réellement. Il en est de même pour notre système, sa partie visible est celle que nous « voyons » à travers ce que nous pouvons appeler une certaine concrétisation. Mais fondamentalement, notre système est dans l’ombre, c’est là qu’il se développe, qu’il prend forme et force. Ces liens incontrôlables et difficiles à cerner trouvent leur sens dans un ensemble de mécanismes complexes, profonds, et qui, resteront à l’ombre de la sagesse de notre idéal afin qu’ils soient encore plus fermes et qu’ils nous inspirent à bien expérimenter la sagesse de l’ombre. Pèlerins, sagement dans l’ombre.