L’éducation haïtienne peut-elle changer la société ?

« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde » disait Nelson Mandela.

Cette parole semble tellement refléter notre a priori sur le sujet que nous ne prenons même pas le temps de l’évaluer. Assurez-vous, je ne vais pas la contredire. Cependant, si nous tenons à être honnête en répétant cette fameuse citation, il faut au moins la comprendre au point de pouvoir l’appliquer. Je doute fort que l’auteur évoquait une éducation quelconque. Je crois même que dans sa tête, il y avait une idée bien précise de ce que doit être l’éducation. Je pense aussi qu’en parlant de changer la société, il faisait allusion implicitement à changer la société dans le bon sens ; c’est-à-dire la rendre meilleure.

Considérant ces deux remarques, la première portant sur la qualité de l’éducation, la seconde sur la qualité du changement de la société, nous pouvons continuer en nous posant les questions suivantes :

1) Si la société ne change pas dans le bon sens, est-ce à cause d’une mauvaise qualité d’éducation ?

2) Pourquoi la société haïtienne stagne encore dans sa situation critique ?

Faisons simple, nous sommes d’accord que l’éducation haïtienne n’arrive pas à impacter (suffisamment) la société. Nous ne sommes pas sans savoir qu’à chaque « peyi lòk », certaines écoles se forcent à travailler en ligne, tandis qu’une grande partie reste à la merci d’un prétendu ministre qui ne semble avoir de pouvoir que sur son espèce de calendrier… Ainsi, ces malheureux élèves laisseront l’école classique (quelle qualité ?) par le truchement d’un certain programme allégé basé sur on ne sait quelle logique.

L’histoire n’est pas de se plaindre ou d’étaler les problèmes. Nous en sommes déjà assez conscients. Faut-il rappeler que si nous ne faisons rien le pays risque (sûrement) de continuer à s’enfoncer dans cette crise sans fin ? Nous le savons tous.

J’apprécie le courage de certains directeurs d’établissements, certains professeurs et élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes afin d’accomplir un devoir morale envers la société. Les temps sont durs et nous devons nous armer de courage afin de sauver ce qui peut être sauvé tout en travaillant à l’édification d’un système éducatif plus résilient, plus efficace et apte à changer la société réellement.

Sur ce, je vous encourage à développer des outils, des méthodes (jeux, logiciels, documents, astuces, etc… ) pouvant faciliter l’apprentissage des notions à nos chers petits frères et sœurs. Il ne suffit pas d’enseigner, il faut créer un cadre propice à l’apprentissage. C’est ainsi que je prends plaisir à découvrir certaines initiatives lancées par de jeunes haïtiens qui répondent à des besoins réels dans le système éducatif haïtien. J’en parle à travers mon émission et mon compte X (Twitter).

Tout particulièrement, je trouve qu’il vaut vraiment la peine d’apprécier avec le plus grand soin le dernier outil développé par un compatriote. Il s’agit de l’assistant via une intelligence artificielle dit « Prof. Josama » du nom de son concepteur Jeff Vladimir Josama.

En effet, « Prof. Josama » est la première plateforme d’intelligence artificielle éducative haïtienne. Accessible sur Whatsapp, Prof Josama est aussi simple que de communiquer avec un numéro local “+509 39 27 3408” (ou https://profjosama.com/). Prof Josama se distingue par sa capacité à communiquer en Créole Haïtien, Français et Anglais, offrant une flexibilité remarquable aux utilisateurs. Que ce soit pour résoudre un problème de mathématiques complexe, analyser un texte littéraire ou explorer diverses matières académiques, cette IA est un véritable couteau suisse éducatif. Ainsi, facilement l’élève soucieux d’avancer avec son programme scolaire en temps de crise, ou tout simplement en difficulté face à un travail de révision, peut s’accompagner de cette aide conçue spécialement à cet effet.

Technologiquement « Prof. Josama » est construit à partir du noyau d’Open AI, l’entreprise ayant développé Chat GPT, et entraîné sur le programme scolaire haïtien. L’association entre ce noyau d’Intelligence artificielle et de l’API (Application Programming Interface) WhatsApp produit cet outil efficace et parfaitement adapté.

Le génie ce n’est pas celui qui réinvente la roue, mais celui qui exploite ce dont il dispose afin d’en faire des créations merveilleuses (ingénieuses). C’est exactement ce qu’a fait l’ingénieur Josama en développant « Prof. Josama ».

Open AI était là et disponible. Idem pour l’API WhatsApp. Les élèves ont grandement besoin d’assistance dans leur travail scolaire (pensez à tous les professeurs qui sont partis). De ces trois assertions, l’idée est venue d’en faire un produit totalement gratuit. Aucune installation n’est même nécessaire. Il suffit de sauvegarder le nouveau numéro.

Voilà donc une initiative progressiste et visionnaire. Cet outil vient s’ajouter à quelques autres que d’autres compatriotes ont développés. La meilleure chose que nous pouvons apprendre à nos élèves c’est de les utiliser avec esprit critique et éthique. « Have no fear for atomic energy » disait Bob Marley[1].

Créons une ambiance d’apprentissage convenable et nous serons étonnés de voir comment les élèves arrivent à développer leurs aptitudes et à appliquer leur savoir pour le développement d’Haïti.

Oui, l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde. Investissons-nous à prendre de nouvelles initiatives pour la santé de notre éducation ; car l’éducation haïtienne est l’arme la plus puissante pouvant changer notre pays.

Vive l’éducation en Haïti ! Vive Haïti ! Honneur et Respect pour tous les courageux directeurs, professeurs, et élèves ! Longue vie à Prof. Josama !

Emmanuel Junior Montina

ayonsunebellevie@gmail.com

https://twitter.com/EmmanuelMontina


[1] Bob Marley, « Redemption song », 1980. 

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