Nous n’avons pas l’idée comment nos décisions sont orientées par des tiers que nous ne connaissons nullement. Nous vivons à une époque où le déterminisme n’est plus à démontrer ; ce que nous croyons aimer, ce que nous croyons vouloir, ce que nous croyons refuser ne sont que des commandes que nous recevons de nos marionnettistes.
De tous les temps, il y avait influence et manipulation ; soit dans le monde commerciale à travers la publicité, soit dans le monde politique à travers les campagnes ou dans le monde artistique à travers des tendances, des figures emblématiques, des personnes charismatiques, etc… Tout cela n’est pas nouveau ! Mais aujourd’hui, la vie privée n’est qu’un ensemble d’informations personnelles certes, mais qui sont loin d’être privées ; car à travers des jeux, des publications, des « challenges », volontiers, certains les affichent au grand jour… Ce que la personne ne veut pas dire en privée, elle le dit publiquement même à ceux qui n’en voulait rien savoir.
Nous ne sommes plus au temps où il fallait faire passer des pages pour découvrir l’actualité. L’actualité marche seule et frappe en plein visage. Tout se mélange. Les domaines se confondent. Combien de fois a-t-on rappelé à quelqu’un qu’ici on discute de tel genre de sujets et non de tel autre ? Combien de fois un regroupement est formé pour une cause précise mais la persévérance des causes intruses n’a fait que travestir (corrompre) l’idée principale ?
Aujourd’hui, nous constatons que beaucoup de débats sont clos au nom de la tolérance. Comme quoi, il faut accepter l’autre avec ses différences. D’accord, mais faut-il pour autant éviter de parler des différences ? Comment se fait-il que certains sujets sont poussés sous les projecteurs et que d’autres doivent être à tout prix passer sous silence ? Peu importe qu’il s’agisse de manipulation conspirationniste ou pas ; mais il est important de se demander où sont les limites et comment sont-elles définies. Au nom de la liberté, certains s’affichent… Et au nom de cette même liberté, on impose à d’autres de se taire ou de se masquer d’une certaine manière. Qu’est-ce qui motivent nos politiques ? Où vont-ils avec notre dignité ? Qu’est-ce qui reste pour nous dans notre quête d’individuation ? Ne pas parler des problèmes est-ce vraiment les résoudre ? Pourquoi la prétendue liberté est plus favorable à ceux qui s’accommodent qu’à ceux qui sont hors du courant (ceux qui sont plutôt libres)?
Plus le temps de penser, des entreprises (lesquelles ?) s’en chargent. L’imagination est devenue stérile depuis que les images venant de l’extérieur (mais de qui ?) ont pris les rênes. Le bourreau a changé de nom et ses esclaves se croient affranchis. Les fanatiques des nouveaux dieux se disent athées. Le dogme à la mode s’érige en référence contre tout ce qu’elle définit comme croyance dogmatique. C’est la fuite de la réalité, la poursuite de ce qui se passe ailleurs (mais nulle part réellement). La machine marche, rien ne se perd, tout y est transformé. C’est la promotion d’un avenir où tout (?) sera plus facile. Mais qu’est-ce qu’on cherche à faciliter réellement et en faveur de qui ?
Reprenons le contrôle car tout ne se passe ici. Pour combien de temps courrons-nous encore ? L’avenir promis nous concerne-t-il vraiment ? Après tout, à la fin, qu’elle sera notre part ? Nous avons la responsabilité d’être l’acteur de notre propre vie. Car quand viendra le temps d’une autre mode, la nature vraie de notre humanité ne sera pas balayée si elle reste proprement égale à elle-même.